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Lebesson : "Les Jeux, un moment unique"

Publié le : 14/04/2016
Modifié le : 14/04/2016

Engagé cette semaine sur le Tournoi de Qualification Olympique reprogrammé à Halmstad (Suède), Emmanuel Lebesson, tête de série n°22, entend bien défendre ses chances à fond, persuadé d’avoir les moyens de décrocher son ticket pour Rio. Le Niortais évoque ce rêve olympique et raconte ses souvenirs de Jeux.

A quand remontent vos premiers souvenirs des Jeux Olympiques ?

Aux Jeux de 1996 et 2000, j’avais 8 ans pour Atlanta, 12 pour Sydney. Les images marquantes que j’en garde, c’est la victoire de Jean Galfione au saut à la perche et, quatre ans plus tard, celle de David Douillet. Après, j’ai un souvenir très particulier des Jeux d’Athènes en 2004 avec le titre aux barres asymétriques d’Emilie Le Pennec, que j’ai longtemps côtoyée, c’était elle aussi une très grande championne. Ensuite, j’ai eu la chance en tant que spectateur d’aller quelques jours à Pékin lors des JO de 2008, j’avais bien évidemment été voir les épreuves de ping, il y avait une ambiance incroyable. Cela m’avait vraiment marqué.

Et donné envie ?

Oui, aller aux Jeux Olympiques est un leitmotiv pour moi depuis que je suis tout petit, j’y pensais déjà à 10-11 ans ! Après, c’e

st devenu plus tangible à partir du moment où j’ai intégré l’INSEP, à 17 ans. C’est toujours difficile dans une vie de réaliser ses rêves, mais je considère que j’ai déjà en partie réussi, parce que je suis aujourd’hui en position de me qualifier. Maintenant, ce n’est pas non plus une fin en soi d’aller aux Jeux et si par bonheur je me qualifie, j’aurai envie d’y être performant, pas seulement de prendre la tenue.

Que représentent pour vous les Jeux Olympiques ?

C’est la plus grande fête sportive à laquelle un sportif puisse participer, c’est la mixité des sports, des cultures, l’occasion de côtoyer d’énormes champions, ce serait un immense plaisir d’y participer. A une échelle moindre, j’ai vécu l’année dernière les Jeux européens à Bakou qui étaient une sorte de petite répétition des JO, c’était déjà très fort comme expérience, mais j’imagine que les Jeux à côté, c’est un truc juste hallucinant ! A Pékin, j’ai réalisé à quel point les Jeux c’était un moment unique, qui n’a rien à voir avec les grands championnats. Tu sens que tout le monde est à bloc, il y règne une tension que tu ne retrouves nulle part ailleurs. Et c’est la compétition qui peut faire de toi un très grand champion, voire un immense, quand tu remportes plusieurs fois l’or, comme par exemple Tony Estanguet que j’ai eu la chance de rencontrer. On apprend énormément de ces gens-là. Ce sont des champions hors norme, parce que, quand on a gagné la plus belle compétition qui existe, il faut forcément être hors norme.

Vous nous parlez de sportifs français, mais quelles stars internationales vous ont marqué ?

Usain Bolt bien évidemment, mais aussi des Novak Djokovic et Roger Federer, qui sont des immenses champions, ont remporté énormément de titres, mais jouent la carte olympique à fond. C’est bien la preuve que c’est une compétition unique, on se rend compte à quel point ils considèrent les Jeux Olympiques comme un rendez-vous très important, alors qu’ils pratiquent un sport qui, a priori, était moins focalisé sur cet objectif. C’est un peu la même chose avec les Américains au basket, les Jeux représentent quelque chose de particulier pour eux, c’est cette grande réunion des meilleurs sportifs du monde qui fait l’esprit des Jeux.

Quel serait votre sportif olympique ultime ?

Teddy Riner ! Il possède un immense palmarès, je n’arrive même plus à dire combien de titres de champion du Monde il a remportés, en plus de son titre olympique, mais malgré cela, quand tu le croises à l’INSEP, il est toujours aussi souriant, gentil. C’est un mec ultra sympa en dehors, mais qui fait peur quand on se retrouve face à lui sur le tatami, personne n’arrive à le faire tomber, c’est un monstre, une bête ! Et il est jeune encore, je ne sais pas combien de temps il va continuer comme ça…

Et au niveau du ping, quelles sont vos références olympiques ?

Les Français bien sûr ! J’étais trop jeune pour me souvenir de la médaille d’argent de Philou (Gatien) à Barcelone, mais j’ai plusieurs fois regardé les images. En revanche, je me souviens bien de la médaille de bronze en double avec Patrick Chila à Sydney. Aujourd’hui encore, quand Patrick m’en parle, c’est toujours avec des frissons. Après, je vois aussi Damien (Eloi) et Christophe (Legoût) au quotidien, qui ont tous les deux participé aux Jeux, nous sommes finalement baignés dans cette atmosphère à l’INSEP. Eux ont cette culture olympique, ce sont de grands champions dont on doit s’inspirer pour arriver sur de telles échéances avec le plus de maturité possible, même si c’est la première fois.

Vous êtes passé près de la qualification il y a quatre ans, comment avez-vous vécu cette épreuve ?

Cela a été très dur d’un point de vue personnel et professionnel, parce que j’étais non seulement déçu pour moi, mais aussi par rapport à tous ceux qui m’entouraient. Cela m’a pris du temps pour me relever, je vous avoue qu’au début, je ne savais pas si j’en serais capable. Mais avec l’aide de mes proches, je me suis dit que je me devais de repartir et donner encore plus. Aujourd’hui, si je parviens à me qualifier, j’essaierai d’en profiter un maximum, car ce seront peut-être mes seuls Jeux Olympiques. Et je profite aussi pleinement de la préparation qui est aussi un grand moment de fédération.

Dans vos rêves les plus fous, que voyez-vous si vous êtes à Rio ?

Un podium en individuel, ce sera compliqué, parce qu’il y a du très gros niveau. Mais par équipes, je suis sûr qu’on peut se donner le droit de rêver. Si nous sommes à Rio, nous partirons complètement avec le statut d’outsiders, nous n’aurons rien à perdre. Alors forcément, une médaille, ce serait exceptionnel, magique, presque irréel, mais nous avons montré le bout de notre nez depuis quelque temps et nous sommes capables de faire mieux.

Et après ? Tokyo en 2020 ?

C’est encore loin, mais dans les deux ans qui viennent, j’ai encore des objectifs élevés, je suis notamment persuadé que nous avons la capacité de gagner un titre européen, il n’y a pas d’équipes injouables. Avec le niveau qu’a Simon (Gauzy) et celui que je suis capable de développer, sans compter les jeunes qui arrivent derrière, nous avons les moyens d’avoir une équipe très compétitive, c’est envisageable de décrocher un titre européen dans les deux ou trois ans à venir.