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P. Chasselin : « Une semaine chargée en émotions »

Publié le : 22/03/2018
Modifié le : 22/03/2018

Pauline Chasselin a vécu une semaine dernière qu’elle n’est pas près d’oublier. Parvenue à se qualifier pour les quarts de finale à l’Open de Pologne après avoir épinglé la 16e joueuse mondiale, la Japonaise Hitomi Sato, la Lorraine a dû renoncer pour rejoindre son club de Metz en demi-finale aller de l’ETTU Cup… pour rien, son adversaire de l’équipe russe de Taganrog ayant déclaré forfait (victoire 3-0 des Messines). De retour du German Open à Brême (World Tour Platinium), elle revient sur cette folle semaine. 

Racontez-nous cette semaine incroyable entre la Pologne et la Russie…

Cela a été une semaine chargée en émotions, avec ce résultat extraordinaire en Pologne. Malheureusement, je dois stopper mon parcours en Pologne en quarts de finale et abandonner, c’était un moment dur de ma semaine, parce que je n’ai pas pu mener mon aventure jusqu’au bout. Comme il faut un visa pour aller en Russie et que nous n’étions que trois au club à en avoir, il fallait que je rejoigne le club en Russie pour la demi-finale de l’ETTU Cup, ça a été compliqué à gérer. Et quand j’arrive en Russie, on gagne les deux premiers matchs, puis la joueuse que je devais jouer en n°3 déclare forfait, si bien que je suis venue pour rien. J’ai alors fondu en larmes, tout le stress est descendu d’un coup, ajouté au fait qu’on soit quasiment qualifiées pour la finale de la Coupe d’Europe et que j’avais encore mon quart de finale en Pologne en tête, ça faisait beaucoup de choses, je suis vraiment passée par toutes les émotions, c’était une semaine intense.

Comment expliquez-vous ce très bon résultat en Pologne ?

Je n’ai pas vraiment d’explication. Sinon que j’essaie de travailler sur moi-même depuis plus d’un mois, j’ai mis en place plusieurs choses sur mes Pro Tour. J’ai joué sans pression, j’ai réussi à me détendre, alors qu’en général, je suis assez tendue et j’ai du mal à être moi-même sur beaucoup de Pro Tour. Là, j’ai réussi à jouer comme si j’étais en Championnat en France. Et en huitièmes de finale, je n’avais rien à perdre contre la Japonaise qui était la favorite et avait un style de jeu de défenseuse qui ne me correspondait pas trop. Pourtant, la veille, j’ai eu comme une vision qui m’a dit : « Demain, c’est ta chance, profites-en ». Et le match s’est plutôt bien goupillé : je gagne les deux premiers sets, je me dis qu’elle va trouver une solution, au final, elle a trouvé une solution quand je mène 3-1 en parvenant à revenir à la belle, et à la belle, j’essaie dès le début du set à lui remettre la pression, ça a tourné en ma faveur. C’est assez difficile à expliquer, mais je pense que j’ai été un peu plus patiente que d’habitude en défense.

Est-ce votre plus gros match à ce jour ?

C’est clairement mon plus gros match, en tout cas ma plus grosse perf. Maintenant, j’ai fait d’autres matchs avec de l’intensité aussi forte, mais là, c’est forcément un match que je vais retenir.

Ce résultat Pologne peut-il être un déclic important ?

On verra bien. Cette semaine en Allemagne, sur un Open Platinium, le top du top, j’ai fait un Pro Tour correct. Même s’il n’y a pas eu les résultats - j’ai fait troisième de poule en seniors et j’ai perdu au premier tour en moins de 21 - je me sens mieux dans la tête à l’international. Ce Platinium en Allemagne était une belle expérience, on voit beaucoup de stars sur ces tournois. D’ailleurs ce n’est pas facile de se mettre dans une telle compétition quand on voit autant de stars autour de soi, et c’était un peu dur pour moi d’enchaîner Pologne-Russie-Allemagne, je n’ai pas beaucoup dormi cette semaine, j’étais un peu émoussée physiquement. Donc c’est plus sur les prochains Pro Tour qu’on verra si c’est un déclic.

Vous disiez que vous aviez mis des choses en place, pouvez-vous nous en dire plus ?

C’est surtout mental. Parce que le niveau de jeu, je sais que je l’ai : en Championnat, j’arrive à accrocher beaucoup de filles d’un certain classement parce que je suis en confiance dans mon club et avec mon coach. Et dès que j’arrive en Pro Tour, ça marche moins, parce que je suis seule, sans coach, donc là, j’ai décidé de faire appel à un préparateur mental, je ne m’attendais vraiment pas à ce que ça marche dès le premier Pro Tour. Si j’ai des résultats grâce à ça, tant mieux !

Avant ce résultat en Pologne, vous restiez sur une médaille de bronze en double avec Carole Grundisch et une élimination en quarts de finale en simple contre Aurore Le Mansec aux Championnats de France de Rouen, qu’en retenez-vous ?

En double, on perd contre les championnes de France (Océane Guisnel/Stéphanie Loeuillette), on passe à pas grand-chose, 9 à la belle, ça aurait pu tourner en notre faveur parce qu’on a deux balles de match qu’on n’arrive pas à concrétiser. En simple, après avoir passé mon premier tour, j’ai fait un très gros match contre Marie Migot en huitièmes de finale et en quarts de finale, j’arrive sur Aurore fatiguée. J’avais eu une gastro juste avant les France, je suis arrivée sur ce match avec un petit manque de peps, j’ai eu du mal à récupérer après mon match contre Marie que j’ai vraiment été chercher. Elle m’avait pas mal poussé dans mes retranchements, j’avais mis beaucoup d’énergie dans ce match, mentalement et physiquement, si bien que j’ai ensuite un peu péché physiquement contre Aurore. Après, ce n’est pas la seule raison, elle a fait un super match et a été meilleure que moi, il faut le souligner et elle a mérité sa place sur le podium.

Parlons maintenant de votre parcours en club : après le titre la saison dernière avec Metz, l’équipe a eu plus de difficultés cette saison, comment l’expliquez-vous ?

Le bilan est forcément moins bon que l’année dernière, mais notre équipe est quand même moins forte au niveau du classement que les autres années, ce n’est donc pas du tout anormal qu’on soit moins bien classées. Maintenant, le Championnat de France est archi-homogène, comme on peut le voir au classement général, il y a très peu de points entre le premier et l’avant-dernier, tout le monde peut battre tout le monde, il y a certaines équipes qui jouent plus stratèges que d’autres, elles ont raison parce qu’avec le nouveau système de points, le but est de marquer des points. Aujourd’hui, comme le titre de champion de France est presque inatteignable et comme on a la chance d’avoir une possibilité d’aller en finale de la Coupe d’Europe, l’objectif du club est surtout de tenter de gagner la Coupe d’Europe.

Comment avez-vous vécu le retour de Carole Grundisch ?

Ça a été un grand plaisir de la retrouver. Nous nous entendons super bien, c’est un peu comme une grande sœur pour moi, elle a 30 ans, moi je n’en ai que 20, c’est une vraie chance de l’avoir dans l’équipe, elle m’apprend beaucoup de choses et me donne des conseils sur les choses à faire et à ne pas faire. C’est vraiment une fille que j’adore, c’est positif d’être au quotidien avec des gens comme ça d’une telle maturité, ça tire vers le haut.

En dehors de cette Coupe d’Europe, quels sont vos objectifs pour la suite de la saison ?

Là, grâce à mon résultat en Pologne, je me suis qualifiée en simple pour les Championnats d’Europe (en septembre en Espagne), je vais donc me concentrer sur ma préparation. Après, pour les championnats du monde (à Halmstad, fin avril), je suis en course pour avoir la wild-card, ça va se jouer entre deux-trois joueuses, la sélection sortira début avril. Si je ne suis pas prise, ça veut dire que d’autres filles le méritent, ce ne sera pas une défaite. En revanche, ce sera du bonus si je suis prise. Sinon, je vais faire deux Pro Tour à Taïwan et Hongkong, l’objectif sera de marquer des points, de chercher des perfs.