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C. Akkuzu : « Je suis sur le bon chemin »

Publié le : 12/04/2018
Modifié le : 20/04/2018

Auteur d’une saison convaincante, avec une entrée dans le Top 100 mondial en janvier, des premiers résultats sur le World Tour et en club avec Pontoise-Cergy, ainsi qu’une troisième place aux Championnats de France de Rouen, Can Akkuzu a gagné sa place en équipe de France pour les Championnats du monde par équipes qui auront lieu à Halmstad (29 avril-6 mai). Une première sélection que le joueur de Pontoise-Cergy, qui fêtera ses 21 ans en mai, accueille avec satisfaction, même s’il n’entend pas s’arrêter là, désireux de poursuivre sa progression.

Que vous inspire cette première sélection en équipe de France ?

Je m’y attendais un peu parce que je me suis qualifié à la Race. Après le World Tour Platinium en Allemagne, je savais que j’étais qualifié. Maintenant, j’attendais que ce soit officiel, tant que je n’avais pas la convocation, ce n’était pas fait. Là, c’est officiel, je suis forcément très satisfait, c’est la récompense des efforts que je fais depuis un certain temps et du travail de qualité que j’ai fait ces dernières années à Ochsenhausen. Je suis content que ça porte ses fruits avec cette sélection en équipe de France. Pour tout sportif, jouer pour son pays est la plus grande chose qui puisse arriver.

Dans quel état d’esprit aborderez-vous ces Championnats du monde ? Vous y allez pour jouer, pour découvrir ?

J’y vais forcément pour jouer. Je travaille tous les jours pour avoir une chance de jouer, je sais que c’est à moi de gagner ma place à l’entraînement et de saisir ma chance si on me donne l’opportunité de jouer, je donnerai tout à 100% pour cela. Après, si mes partenaires sont plus performants que moi, je ferai tout pour les encourager et les aider pour qu’avec l’équipe de France, on aille le plus loin possible. Aujourd’hui, on ne va pas le cacher, Simon (Gauzy) et Lebess’ (Emmanuel Lebesson) sont les n°1 et 2, c’est indiscutable ; pour la place de n°3, c’est très homogène, même si Quentin (Robinot) a déjà fait ses preuves en gagnant récemment des matchs très importants pour l’équipe de France, il ne faut pas l’oublier, il a de l’expérience. Ce qui est sûr, c’est que j’ai confiance en tous les membres de l’équipe, je pense que les cinq joueurs peuvent tous être dangereux pour nos adversaires, d’autant que sur les Championnats du monde, ça se joue en trois sets gagnants, ça va très vite.

Quel regard portez-vous sur la poule de l’équipe de France (Corée du Sud, Autriche, Inde, Croatie, Pologne) ?

C’est une poule à notre portée, mais c’est aussi une poule très homogène. On sait que tous les matchs vont être serrés, dans chaque équipe, les numéros 3, 4 et 5 sont très performants. Mais si on est bien concentrés sur notre sujet, tous les matchs sont jouables. Dans des Championnats du monde, il y a souvent beaucoup de rebondissements, il faudra être chaque match à 100% et être capables de rebondir si on commence mal. Je pense que nous avons les moyens de terminer dans les trois premiers de la poule, voire même premiers, on va tout donner pour ça.

Quel sera l’objectif de l’équipe de France à Halmstad ?

Nous faisons partie des quatre premières têtes de série, cela fait longtemps que la France n’a pas eu de médaille, donc nous aimerions forcément monter sur le podium, c’est toujours un rêve. Maintenant, moi, ce n’est que ma première compétition en équipe de France, on n’a pas encore eu le temps de discuter avec l’entraîneur de l’objectif, mais avec l’équipe qu’on a, avec Simon et Lebess’ qui ont déjà battu quasiment tous les meilleurs joueurs du circuit, on peut aller loin. Après, il y a beaucoup d’autres équipes qui auront la même ambition que nous, à nous de prouver à la table qu’on en veut encore plus.

Vous parliez de votre progression à Ochsenhausen, pourquoi avoir pris la décision en 2014 d’aller vous entraîner en Allemagne ?

C’était important pour moi de partir à l’étranger pour m’endurcir mentalement. Ça se passait bien en France, mais je sentais qu’il fallait que je parte pour acquérir de la force mentale. Quand tu débarques dans un tel environnement, tu es un étranger, tu te dis que c’est à toi de faire ta place, ça m’a permis de me remettre en question et de jouer aussi deux ans en deuxième Bundesliga, j’ai fini meilleur performeur de la ligue en jouant beaucoup de matchs très serrés. Je n’étais vraiment pas dans le confort et ça m’a fait beaucoup de bien, je pense m’être fait une bonne peau de crocodile, après ce que j’ai enduré au cours de ces années, je me sens aujourd’hui prêt à batailler contre tout le monde.

Vous êtes revenu en France l’été dernier en signant à Pontoise, pourquoi ce choix ?

Quand j’ai reçu la proposition de Pontoise, ça m’a forcément fait réfléchir, parce que c’est un très grand club qui a gagné deux fois la Ligue des champions et deux fois le titre de champion de France. J’avais aussi envie de revenir vivre en France, dans mon pays, et de regoûter à la compétition en France. La PRO A est une des meilleures ligues en Europe, donc quand la proposition est arrivée, j’ai accepté rapidement, j’étais très content de revenir jouer en PRO A.

Vos résultats en PRO A ont été convaincants, puisque vous en êtes à dix victoires pour cinq défaites, vous attendiez-vous à être aussi performant d’entrée ?


© Christophe Le Corvec / SPO Rouen

Oui et non. Disons que j’avais fait une très bonne préparation l’été dernier, avec trois semaines en Chine et des stages à Ochsenhausen et en Hongrie, je pense que j’avais mis toutes les chances de mon côté. Après, je n’avais jusqu’ici jamais battu des adversaires de ce niveau, mais je sentais en m’entraînant au quotidien avec les joueurs de l’équipe que je pouvais être compétitif, il n’y avait pas de raison qu’en match, je ne parvienne pas à reproduire ça. Et je suis arrivé en PRO A avec une certaine fraîcheur, mon dynamisme et mon agressivité m’ont permis de faire la différence dès le début. C’est d’ailleurs aussi ça que je veux apporter à l’équipe de France aux Championnats du monde.

D’un point de vue collectif, quel objectif vous fixez-vous avec Pontoise-Cergy pour les trois dernières journées de la saison avec des affrontements à venir contre Chartres, à La Romagne et contre Angers ?

Cette saison, nous n’avons pas été très gâtés par les blessures, si bien que nous sommes cinquièmes, mais nous avons encore notre destin entre nos mains pour essayer de décrocher la meilleure place possible (Pontoise n’est qu’à deux points du deuxième, Angers). Nous avons perdu à l’aller contre les trois premiers qu’il nous reste à jouer, on va vraiment essayer de retourner ça, je pense que dans l’équipe, nous sommes aujourd’hui tous plus compétitifs. D’un point de vue personnel, j’ai vraiment l’habitude maintenant de jouer contre ce type de joueurs, ça ne m’impressionne plus, j’espère gagner des matchs sur ce genre de rencontre, on a vraiment envie de bien finir l’année.

Vous avez découvert cette saison la Ligue des champions, éprouvez-vous des regrets au vu du parcours de Pontoise-Cergy, qui n’est pas parvenu à se hisser en quarts de finale ?

Oui, un petit peu. C’était ma première Ligue des Champions, Pontoise est souvent allé dans le tableau final et là, nous ne nous sommes pas qualifiés. Les blessures ne nous ont pas aidés et il faut reconnaître que nous sommes tombés contre de bons Portugais (Sporting Portugal) qui nous ont posé pas mal de problèmes. Moi, j’ai perdu deux matchs à la belle, je sais que si je gagne ces matchs, on aurait pu retourner la situation et se retrouver en quarts, ce n’est pas passé, mais c’est une expérience que je prends et j’espère que la saison prochaine, si on a la chance de rejouer la Ligue des champions avec Pontoise, on aura appris de ça et on se qualifiera pour les quarts de finale.

A titre personnel, vous avez décroché une belle médaille de bronze lors des derniers Championnats de France de Rouen, battu de justesse en demi-finale par Enzo Angles, qu’en gardez-vous ?

Je suis forcément content de ces Championnats de France, je suis revenu avec ma première médaille, c’est le genre de chose qui me récompense de mon acharnement au quotidien, comme la sélection en équipe de France. J’aurais peut-être pu mieux faire en demi-finale, mais j’ai retiré pas mal de choses de ce match qui va me rendre encore plus fort.

Vous avez intégré le Top 100 mondial en janvier, vous êtes 90e aujourd’hui, cela faisait-il partie de vos objectifs en début de saison ?

Oui, quand on fait les tournois du World Tour, on a envie de progresser au classement mondial. J’étais donc forcément content de passer sous les cent et ça me donne encore plus envie de grimper encore, j’espère que ça ne va pas s’arrêter là. C’est vrai que cette saison, je vois plein de petites choses positives, ça me permet de me dire que je suis sur le bon chemin.

Quels objectifs vous fixez-vous pour la fin de saison ?

L’objectif immédiat, c’est cette semaine l’Open de Croatie, il y a une bonne densité de joueurs de milieu de tableau, j’espère faire une bonne performance. Après, il y a bien sûr les Championnats du monde et l’été prochain, j’irai certainement faire des World Tour en Asie. Mon objectif là aussi sera de performer dans un environnement différent. Quand tu joues en Asie, tu sens vraiment que les joueurs asiatiques sont chez eux, c’est là qu’ils sont les meilleurs, c’est à nous, les étrangers d’arriver à nous adapter, c’est une chance de pouvoir se mesurer à eux dans des conditions de jeu différentes. Ensuite, je m’entraînerai de nouveau dur, comme je le fais souvent l’été, avec comme principal objectif de refaire beaucoup de fond et de passer une étape en vue de la saison prochaine.

L’avenir, ce sont aussi les Jeux Olympiques de Tokyo, cela fait-il aussi partie de vos objectifs ?

Oui, ça reste dans un coin de la tête, mais j’essaie de ne pas trop me focaliser dessus. Je veux vraiment d’abord me concentrer sur moi, sur ma progression, mentalement, physiquement et techniquement. Si je progresse dans tous ces domaines, peut-être que ça me permettra d’obtenir de bons résultats et d’avoir une chance pour Tokyo, mais je n’y pense pas directement aujourd’hui.

Comment définiriez-vous votre jeu et quels sont les domaines dans lesquels vous estimez pouvoir encore progresser ?

Je suis vraiment un joueur agressif. J’essaie de développer un système de jeu assez répétitif en prenant la balle tôt et en mettant la pression à l’adversaire, tout en mettant un peu de variété dans mon jeu pour éviter que les joueurs en face prennent l’habitude. Au niveau de ma marge de progression, je pense que je peux en faire encore plus en termes d’agressivité, je peux aussi progresser dans le petit jeu et dans le sens du jeu, dans les choix tactiques. C’est ça que j’apprends beaucoup en affrontant les joueurs en PRO A et en Ligue des champions. Contre ces joueurs, il faut être bon là-dedans, plus on avance, plus le jeu est intelligent tactiquement.

Avez-vous des modèles de joueur ?

Non, pas vraiment, je ne suis pas du genre à avoir des posters dans ma chambre, mais ça m’arrive de regarder des vidéos de certains joueurs, comme les Coréens, Lee Sangsu par exemple, dont j’aime vraiment bien le système de jeu. Il est très répétitif et agressif, ça peut me donner des idées. Il y a quelques années, ce n’était pas le meilleur et aujourd’hui, il se retrouve dans le Top 20 mondial depuis pas mal de temps, c’est plus une source d’inspiration qu’un modèle.