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La magie des Jeux plus vite, plus haut, plus fort, ensemble....

Publié le : 03/09/2021
Modifié le : 03/09/2021

Les Jeux Olympiques 2020 de Tokyo, après moult incertitudes, auront fini par avoir lieu. On se rappellera d’eux comme les Jeux de la pandémie qui les a durement affectés. D’abord par un report historique l’an dernier, puis par la controverse politique et l’hostilité de la population nipponne. On s’en rappellera aussi par l’état d’urgence sanitaire décrété à Tokyo et le quasi huis clos qui en a découlé.

Le Président Gilles Erb faisait partie de la délégation française et a pu vivre les Jeux de Tokyo in situ. De retour à Paris, il nous confie ses impressions.

 

Vous avez eu l’opportunité de vivre les Jeux de Tokyo de l’intérieur. Mais, compte-tenu du contexte, était-ce vraiment une belle aventure ?

Gilles Erb : Oui certainement, en dépit des contraintes. Mes premiers Jeux Olympiques auront été extraordinaires à plus d’un titre. Repoussés à cause la pandémie, je veux d’abord rendre hommage au Japon et au comité olympique japonais d’avoir tout fait pour maintenir les Jeux malgré l’hostilité d’une frange de la population et d’une certaine intelligentsia. Le défi a été relevé avec brio grâce à une organisation sans faille et à des restrictions de circulation draconiennes ainsi qu’à l’engagement de nombreux volontaires. Bien sûr, on regrettera l’absence de ferveur populaire pour transcender le plus grand événement sportif de la planète. En dépit de ces difficultés, cette période olympique aura permis aux athlètes d’exprimer leur talent, de faire rêver de nombreux sportifs et de promouvoir le sport dans une période où les clubs préparent une rentrée rendue délicate par l’importante perte des licenciés.

 

A brûle pourpoint, que retenez-vous de ces Jeux ?

Gilles Erb : Confiné dans ma chambre d’hôtel, les installations sportives et le club France, j’ai été marqué par l’absence de toute référence aux Jeux Olympiques dans la ville de Tokyo et par les salles vides de tout public, les japonais n’ayant pas été autorisés à vivre les Jeux… Les JO de Tokyo 2020 auront donc été des Jeux pour la télévision. Je retiens également l’exemplarité des athlètes qui ont porté durant 17 jours les valeurs de l’olympisme et notamment la fraternité entre les peuples.

 

D’un point de vue sportif, êtes-vous satisfait du parcours des pongistes français ?

Gilles Erb : Tout le long de la quinzaine, j’ai soutenu avec passion l’équipe de France de tennis de table. Sans pouvoir l’approcher en raison de la bulle sanitaire, j’ai distillé à distance les meilleures vibrations possibles pour encourager les Bleus !

La compétition olympique a débuté avec les épreuves de double mixte et le très beau parcours de Jia nan YUAN et Emmanuel LEBESSON (tête de série 8) qui ont successivement éliminé les Australiens Hu et Patter (13e), puis l’excellente équipe de Hong Kong (Wong et Doo, n°5) avant d’être éliminés, non sans combattre, par les Chinois Xu Xin et Liu Shiwen (n°3). Restait à affronter la redoutable équipe de Taipei (Lin et Cheng, n°2) pour la médaille de bronze. Hélas, malgré une farouche volonté de gagner, Emmanuel et Jia nan n’ont pas pu transformer leur rêve de médaille en réalité. Ils ont eu le mérite d’y croire et de se battre.

La compétition individuelle a permis à chacun d’exposer au monde entier son meilleur niveau. Si notre espoir Prithika Pavade a rendu les armes avec les honneurs dès le tour préliminaire face à Yana Noskova (n°58 mondiale), Jia nan Yuan a perdu au 3e tour face à la Coréenne Jihee Jeon (n°14) après avoir gagné contre l’Egyptienne Yousra Helmy puis la Brésilienne Bruna Takahashi (n°47). Emmanuel Lebesson s’est incliné au troisième tour face à Fan Zendong (n°1 mondial) après avoir éliminé le Croate Anrej Gacina (n°47 mondial). Enfin Simon Gauzy a fait vibrer les téléspectateurs face à Ma Long (n°2 mondial) en 1/8e de finale après avoir éliminé avec autorité le Danois Jonathan Groth (n°31 mondial) au 3e tour. Rarement nous avons connu une telle densité dans le camp français.

Restait alors la compétition par équipes qui opposait nos garçons à l’équipe de Hong Kong. Après un très bon match, Simon, Emmanuel et Alex (Cassin) dominent nettement les Asiatiques avant de perdre en quart de finale face à la Chine au terme d’un match spectaculaire sous les yeux de la ministre déléguée aux sports. Nos filles quant à elles rencontraient l’équipe de Singapour. Stéphanie (Loeuillette), Jia nan et Prithika ont subi la loi des Singapouriennes. Malgré un score sévère, les filles se sont bien battues. Je retiens la performance de Prithika, tout juste 17 ans, qui a bousculé Feng (n°10). Elle a montré son talent en menant 2 sets à 0 et 6 points à 3 avant de subir la révolte de son adversaire.

 

L’équipe de France a donc fait honneur au drapeau bleu blanc rouge ?

Gilles Erb : Les joueuses et joueurs ont donné une très belle image du tennis de table français et ont évolué à leur meilleur niveau. Ils ont repositionné la France comme étant une nation « médaillable » avec des joueurs d’expérience qui ont tenu leur rang et des joueurs plus jeunes qui ont montré leur potentiel. Ce n’est pas rien dans la perspective des JO de Paris 2024 ! Je veux ici féliciter tous les joueurs de l’équipe de France qui ont fait preuve d’un état d’esprit remarquable, d’une combativité sans faille et d’un niveau de jeu concurrentiel. J’associe à ces félicitations, l’ensemble du staff, au premier rang duquel Rozenn Ycquel Jacquet et les coaches Patrick Chila et Ludovic Rémy, qui sous la houlette du DTN Jean-Nicolas Barelier, ont su créer un climat propice à la performance, validant ainsi les choix de la fédération. Il faudra maintenant analyser dans le détail et sans concession notre prestation pour tirer tous les enseignements qui nous permettront de chercher le graal à Paris. Je suis fier d’avoir accompagné cette équipe. Que d’émotions !

 

La France termine à la 8e place au rang des médailles. Vous a-t-il été possible de les soutenir ?

Gilles Erb : En effet, les Jeux Olympiques ne se résument au tennis de table. Aussi, j’ai soutenu l’équipe de France quand c’était possible faisant mien le slogan de la délégation française : « Une Seule Équipe de France ». Ainsi, j’ai encouragé les badistes, les filles du rugby à 7, les judokas au premier rang desquels Teddy Rinner, les gymnastes et Mélanie Jesus, les nageurs, les athlètes. Bien entendu, j’ai applaudi à deux mains les performances des sports collectifs à savoir le volley de salle et de plage, le handball et le basket à 5 et à 3. La magie des Jeux s’explique sans doute dans la diversité des sports, des cultures.

 

À l’instar des athlètes qui apprécient de rencontrer les sportifs d’autres disciplines au village olympique, avez eu l’occasion de nouer des relations avec les acteurs du sport ?

Gilles Erb : Ces Jeux Olympiques ont été l’occasion pour moi d’échanger avec de nombreuses personnalités. J’ai accueilli dans la salle de tennis de table notre ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports Jean-Michel Blanquer, notre ministre déléguée aux sports Roxana Maracinéanu, les directeurs de Paris 2024 Tony Estanguet, Etienne Thobois et Jean-Philipe Gatien. La rencontre avec le Président Macron a été un moment fort. J’ai également participé à des réunions de travail avec Brigitte Henriques et Roxana Maracinéanu au sujet du Pass Sanitaire, avec Jean-Michel Blanquer au sujet des CTS et du Pass Sport ainsi qu’avec la présidente et le vice-Président du CNOSF pour finaliser la structuration politique du comité olympique et sportif français, car l’actualité ne s’arrête pas. Cette quinzaine m’a également permis de rencontrer Thomas Weikert (président de l’ITTF), Petra Sörling (présidente de la fédération de Suède et candidate à la présidence de l’ITTF), Jean-Michel Saive (candidat à la présidence du comité olympique belge) et Raul Calin (secrétaire général de l’ITTF). Par-delà ces rencontres exceptionnelles, j’ai pu échanger quotidiennement avec mes homologues des autres fédérations françaises sur de nombreux sujets d’actualité.

 

 

 

Prêt pour les Jeux de 2024 à Paris ?

Gilles Erb : J’ai vibré devant les exploits des athlètes du monde entier mais j’ai également suivi avec intérêt le Live des Jeux à Paris et les étapes du Ping Tour Terre des Jeux dans toutes les régions de France. J’ai apprécié les festivités du Trocadéro avec en point d’orgue la cérémonie de clôture. Merci au Japon. Cette passation du drapeau olympique, simultanément à Tokyo et à Paris le 8 aout 2021, a attisé mon impatience de vivre les Jeux de Paris 2024. Ils s’annoncent grandioses. Le tennis de table français aura l’ambition de contribuer à la récolte des médailles olympiques. Mais il me semble qu’au-delà de l’ambition sportive, le défi des Jeux de Paris sera son héritage c’est-à-dire la capacité à faire de la France une nation sportive. La FFTT prendra sa part et devra au plus vite engager la communauté pongiste dans les Jeux de Paris 2024. En effet, Paris 2024, c’est déjà demain…

Depuis son retour de Tokyo, le Président Gilles Erb a suivi avec attention la délégation française handisport. Les Bleus paralympiques ont réalisé un parcours exceptionnel avec à la clé pas moins de 11 médailles. Un grand bravo. 

©CNOSF/KMSP