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Une trace dans l'histoire

Publié le : 31/10/2016
Modifié le : 03/11/2016

Quarante ans après Jacques Secrétin, sacré en 1976, un Français, Emmanuel Lebesson, est devenu champion d’Europe de tennis de table. Ce titre, d’autant plus historique que conquis en finale contre un autre Tricolore Simon Gauzy, a été accueilli avec une immense satisfaction par la famille du ping.

Emmanuel Lebesson en or, Simon Gauzy en argent, le tennis de table français a vécu une première historique lors des Championnats d’Europe de Budapest. Il y quarante ans, ils étaient certes également deux sur le podium, mais si Jacques Secrétin avait terminé sur la plus haute marche, Christian Martin s’était « contenté » du bronze. Depuis, Jacques Secrétin encore (1980), Jean-Philippe Gatien trois fois (1990, 1996 et 1998) et Patrick Chila (1994) étaient eux aussi montés « sur la boîte », mais toujours à la troisième place, preuve supplémentaire de l’exploit réalisé par Manu Lebesson et Simon Gauzy. « C’est un immense bonheur !, s’exclame Christian Palierne, le Président de la Fédération française de tennis de table. Je suis très heureux pour tous les licenciés et pour tous ceux qui ont contribué à ces médailles. Nous étions en attente d’un tel résultat probant pour faire parler du tennis de table, félicitations à Manu et Simon ! »

« Même dans nos rêves les plus fous, nous n’aurions pas imaginé un tel scénario ! », poursuit de son côté le Directeur technique national Pascal Berrest, heureux de voir le travail entrepris depuis plusieurs années récompensé par ce doublé : « C’est le fruit de beaucoup de travail : nous avons restructuré les équipes et l’encadrement avec un nouveau mode d’organisation à l’INSEP et dans les Pôles France, mais aussi de nouveaux concepts d’entraînement. Cela faisait un petit bout de temps que nous pointions le bout de notre nez, avec nos médailles par équipes en 2015 aux Jeux méditerranéens (Argent) et aux Championnats d’Europe (Bronze), nous étions aussi passés très près de la médaille mondiale par équipes en début d’année. Là, l’essai est transformé magnifiquement. » Dernier Français champion d’Europe, Jacques Secrétin abonde : « Deux Français en finale, c’est extraordinaire ! On avait préparé ces joueurs pour remporter des titres européens en cadets ou juniors, c’est formidable qu’ils décrochent ces médailles en seniors. Tout le travail qui a été fait auparavant est récompensé, c’est mérité et c’est important pour la Fédération française de tennis de table. »

« Le modèle chinois »

Reste que tous le reconnaissent : le titre européen de Manu Lebesson, ils ne l’avaient pas vu venir, au sortir de Jeux Olympiques ratés par l’intéressé : « Il avait eu du mal à se remettre de son échec olympique, mais c’est le haut niveau, il n’y a pas de vérité. A Budapest, il a bénéficié d’un alignement des planètes assez exceptionnel qui lui a permis de dérouler. Il est monté crescendo tout au long du tournoi, jusqu’à sortir deux matchs impressionnants en demi-finale puis en finale, avec un très gros pourcentage de réussite et une confiance en lui qui le rendaient difficile à maîtriser pour ses adversaires », confie, admiratif, Jean-Philippe Gatien.

« Il avait pourtant commencé par une déception en se faisant sortir d’entrée en double avec Tristan Flore, mais on a alors senti une grosse détermination chez lui au moment d’attaquer le simple, analyse le DTN. On l’annonçait un peu fragile psychologiquement après les Jeux, mais non, il a démontré qu’il était un immense champion, il a su imposer son jeu en se montrant conquérant, je l’ai trouvé exceptionnel de concentration et de détermination. » Même son de cloche chez Christian Palierne : « A partir des huitièmes de finale, j’ai vu chez lui un regard de tueur : il ne laissait rien transparaître de ses émotions, ne se concentrant que sur le point d’après, sans ruminer le point perdu, c’est vraiment le modèle chinois. »

Résultat, il a eu raison en finale de Simon Gauzy, lui aussi sorti grandi de ces Championnats d’Europe, malgré cette issue qui l’a laissé sur sa faim. « Chapeau à Simon ! Même s’il doit être très déçu d’avoir perdu en finale, il est vice-champion d’Europe à seulement 22 ans, c’est ce qu’il doit retenir. Cette campagne européenne doit en outre donner envie aux autres joueurs français : ils se rendent compte qu’une médaille européenne est possible, quels que soient l’âge et le moment de la carrière. Manu a 28 ans, Simon 22, ils n’ont pas du tout le même parcours. C’est un super message pour tout le monde », ajoute Jean-Philippe Gatien. Le mot de la fin est pour Jacques Secrétin, qui, lui aussi, voit déjà plus loin : « Je dirais que ces médailles ne sont qu’une étape, une étape certes brillante, mais on les attend désormais aux niveaux mondial et olympique. Il faut essayer d’aller encore plus haut et de battre les Chinois, il n’y a aucune raison que ces joueurs n’y parviennent pas, ils doivent croire en eux. Ce que je leur souhaite, c’est d’entendre autant de fois la Marseillaise que moi à mon époque, j’espère qu’ils pourront poser leur empreinte sur leur sport. »