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Vincent Blanchard : "L’arbitrage est un miroir de la vie en société"

Publié le : 10/12/2021
Modifié le : 10/12/2021

La FFTT lance pour la première année la semaine de l’arbitrage. L’objectif de cette semaine est de valoriser ces acteurs indispensables au bon déroulé de la pratique du tennis de table mais aussi vous donner toutes les informations nécessaires pour que vous aussi deveniez arbitre.

Tout au long de la semaine, découvrez les portraits de plusieurs arbitres français évoluant au niveau national ou international.
Aujourd'hui, le dernier portrait de la semaine est consacré à Vincent Blanchard, juge arbitre international et .

 

Pourquoi êtes-vous devenu arbitre ?

J’ai commencé quand j’étais ado à 15-16 ans, je donnais des coups de main à l’entraineur salarié de notre club pour faire les entrainements des petites catégories et des petits groupes. Puis il m’a dit « va donc faire des formations d’entraineur », ce que j’ai fait et lors de ces formations on est obligé de passer des examens d’arbitres. C’est comme ça que j’ai passé mon examen d’arbitre régional en même temps que la formation d’entraineur régional J’étais joueur et je joue toujours un petit peu, mais trop mal pour que je prenne beaucoup de plaisir encore (rires).
Maintenant je suis arbitre international depuis 2008 et juge arbitre international depuis 2012. Je suis aussi formateur de tout, c’est-à-dire que je peux former tous les grades d’arbitres et de juge-arbitres.
 

Quelles sont les qualités qui vous ont conduit à ce parcours ?

Ma carrière d’arbitre est clairement derrière moi. Quand je suis devenu juge-arbitre, j’ai fait le choix d’arrêter d’arbitrer à l’échelon international et je ne fais que du juge arbitrage. Donc sur la fonction du juge arbitre, je pense qu’il faut beaucoup d’organisation, c’est une certitude. Une grande capacité d’écoute et une connaissance fine des règlements et de la pensée de ces règlements. Savoir aussi être médiateur, avoir une grande capacité d’écoute, savoir peser le pour et le contre pour pouvoir ensuite prendre la meilleure décision.

 

Qu’est-ce que vous en retirez dans votre vie personnelle ?

L’organisation que tu déploies grâce à tout cela, elle a forgé tant ma vie personnelle que professionnelle. Aujourd’hui j’ai la chance de travailler dans le Ping, mes compétences de gestion de compétition, d’organisateur ont été reconnues par plusieurs instances. Donc j’ai eu la chance de travailler pour un comité départemental, puis une petite ligue et maintenant pour une grande ligue. Ça m’a forcément aidé pour mon parcours professionnel et ça m’aide toujours ! Les relations que je peux avoir quand je pars à l’étranger me servent quotidiennement dans mon travail de directeur de Ligue, surtout que nous organisons beaucoup de compétitions.
Dans la vie personnelle, tu apprends à beaucoup relativiser. Cela s’en ressent dans l’approche et dans la gestion de ta vie personnelle.

 

Quelles sont vos ambitions pour le futur ?

C’est très compliqué à savoir puisque sans prétention, là où je suis aujourd’hui, c’est l’achèvement rêvé pour plein de monde. J’ai eu la chance de faire les derniers Jeux Olympiques, j’étais cette semaine à Singapour pour le WTT Cup Finals. Pour beaucoup ça pourrait être un achèvement, pour moi ce qui est sûr je ne me projette pas là-dedans plus que je ne le suis maintenant puisque je suis déjà à un niveau qui me convient parfaitement, et qui permet mon épanouissement personnel. Aussi, nous arrivons à un tournant avec la création de la WTT et énormément de changements. On sait qu’ils sont dans la direction de la professionnalisation de quelques arbitres et juge- arbitres de haut niveau. Prendre ce tournant-là, c’est transformer une partie précise de ta passion, en l’occurrence l’arbitrage de haut niveau du tennis de table pour le transformer en ton travail. Ne faire plus que cela, je ne sais pas si ce serait valorisant et quelque chose dont l’on sort grandi après quelques années. Donc je ne sais pas si je prendrai ce virage-là, même si ce serait probablement ma seule capacité d’encore progresser. Peut-être qu’un moment donné je prendrais la décision de ne pas me lancer pour plusieurs raisons, mais à l’heure actuelle je ne sais pas.

 

Quel est l’impact de l’arbitrage sur votre vie personnelle et familiale ?   

C’est beaucoup de temps forcément, beaucoup de sacrifices plus pour mes proches que pour moi. Si pour moi c’est une passion, pour les gens autour ils sont contents que je m’épanouisse dans ma passion mais cela demande des sacrifices. En vieillissant j’ai aussi appris qu’il fallait se ménager du temps en dehors de tout ça, pour préserver son cocon familial. J’ai la chance d’être entouré de personnes qui comprennent tout ça et avec qui j’échange avant de dire oui ou non aux différentes sollicitations. Sur les deux derniers mois je suis parti 4 semaines, ces choses-là ne se font pas sans l’accord de ta sphère familiale, sinon tu pars mais tu ne trouves plus personne à ton retour ! (rires) Donc oui cela t’oblige à être plus présent quand tu es là, à vivre plus pleinement les moments où tu es présent et ça c’est plutôt sympa.

 

Quel est votre meilleur souvenir ?

Les Jeux Olympiques de la jeunesse en 2010 à Singapour, en tant qu’arbitre, c’était la première édition. Il n’y avait que des arbitres de moins de 30 ans, c’était une expérience humaine d’une grande richesse. En tant que juge arbitre, je suis obligé de retenir les Jeux de Tokyo cette année même si l’expérience n’était pas la même que celle espérée à cause du Covid, ça reste quand même dans une carrière un achèvement personnel important. Quand tu es sportif de haut niveau tu as envie d’aller aux JO, quand tu es arbitre c’est pareil !

 

Quelles sont les difficultés que vous avez pu rencontrer ?

Une qualité propre au juge arbitre c’est de ne pas retenir les difficultés, c’est de se rappeler des solutions que l’on a trouvées, pour chaque fois gagner en expérience et grandir à chaque défi qui se présente à toi. Les difficultés, tu vas avoir la barrière de langue quand tu es avec des personnes qui ne maîtrisent pas l’anglais, c’est quelque chose qui peut être compliqué et en plus quand tu es sur des discussions à chaud, c’est d’autant plus compliqué à comprendre quelqu’un qui ne parle pas anglais ! Je préfère ne pas retenir les problèmes, puisqu’à chacune de ces situations tu en sors grandi et tu te souviens de la solution pour le futur. Aujourd’hui la grande qualité du juge arbitre c’est « j’écoute A, j’écoute B puis je prends ma décision ». Le plus dur c’est de trancher alors que l’on comprend les arguments des deux côtés mais un moment il faut prendre une décision !

 

Quel est le rôle éducatif de l’arbitrage et quel est le rôle des formateurs ?

L’apprentissage des règles de l’arbitrage est un miroir de la vie en société, tu ne peux évoluer en société sans respecter les règles. Un jeune qui se lance dans l’arbitrage, cela va lui apprendre le respect des règles, à être à l’écoute des autres, les moments de partage, ce sont des choses qu’il va pouvoir reproduire quasi quotidiennement dans ses apprentissages scolaires et à tout âge. J’ai grandi grâce à ça, je suis là aussi grâce aux rencontres puisque cela te permet de rencontrer des personnes que tu n’aurais pas connues normalement. Tu vas pouvoir te nourrir de ces rencontres que tu n’aurais jamais pu faire autrement, tu agrandis ton cercle de connaissance. J’ai eu la chance de rencontrer 4-5 personnes, qui m’ont élevé et j’en suis là grâce à eux.
Il est évident que le côté formateur permet une uniformité des décisions qui ne peut que nous servir ! C’est une des problématiques lorsque l’on est juge arbitre d’expliquer pourquoi une décision d’un arbitre est différente d’un match à un autre. Ce rôle de formation est là pour amener une homogénéité, même si l’homogénéité parfaite n’est pas bonne : il faut que chacun ait sa vision des choses et son apport. Mais il faut que l’on ait une façon d’appliquer les règles la plus uniforme possible.

 


Au sein de la FFTT, des formations sont organisées régulièrement dans l’année pour permettre aux candidats d’acquérir les différents grades d’arbitres et de juges-arbitres référencés et permettant d’exercer aux différents de niveaux de compétitions, individuelles et par équipes. Dès le plus jeune âge, vous avez ainsi la possibilité de vous engager pour le tennis de table via l’arbitrage.

Si vous êtes intéressé par l’arbitrage, que vous souhaitez en savoir plus ou que vous souhaitez vous inscrire à une formation, veuillez-vous rapprocher de votre ligue : https://www.fftt.com/site/jouer/ou-jouer/trouver-ligue-ou-comite