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J-R. Chevalier : "Intéressant et disputé"

Publié le : 21/09/2017
Modifié le : 21/09/2017

La saison 2017/2018 de PRO A et PRO B débute le 26 septembre, chez les filles et les garçons. L’occasion de faire un tour d’horizon de ces championnats PRO. avec Jean-René Chevalier, vice-président délégué de la Fédération Française de Tennis de Table.
Le site de la PRO A & PRO B

Avant d’évoquer la saison qui débute, quel bilan faites-vous de l’exercice précédent ?

Nous avons eu une nouvelle fois un Championnat de France passionnant, puisque, après l’Allemagne, c’est le plus relevé en termes de joueurs de très haut niveau et de compétitivité de nos équipes, avec des clubs qui obtiennent de très bons résultats sur les compétitions européennes : on l’a vu en 2016 avec la victoire de Pontoise en Ligue des champions et cette année avec celle de La Romagne en Coupe ETTU. Cet exercice 2016/2017 aura été un très bon cru, il a été indécis, avec beaucoup d’équipes qui se sont tenues jusqu’au bout et deux beaux champions de PRO A, Chartres chez les garçons et Metz chez les filles, et deux beaux promus, Rouen et Joué-lès-Tours. Quant à la nouvelle formule sportive, choisie en concertation avec les clubs à l’intersaison 2016, avec cinq matchs par rencontre et la nouvelle comptabilité des points, elle a été une réussite, on ne peut que s’en féliciter. Le fait d’attribuer un point par match gagné a donné du piment à la compétition, tous les matchs ont un enjeu : entre perdre 3-0 et perdre 3-2, il y a une grosse différence.

Comment s’annonce la nouvelle saison qui débute le 26 septembre ?

Nous allons repartir sur le même tempo, avec des équipes qui, pour ce qui est de la PRO A masculine, se sont quasiment toutes renforcées par rapport à la saison dernière. Je pense qu’on va retrouver le champion, Chartres, Pontoise, La Romagne… ce sera intéressant aussi de suivre le promu, Rouen, qui monte de PRO B, et a tout de suite affiché ses ambitions en s’attachant les services d’Emmanuel Lebesson, notre champion d’Europe. Cela va encore donner lieu à un Championnat très intéressant et très disputé qui, j’espère, va attirer du monde dans les salles, c’est bien difficile aujourd’hui de vous donner un favori.

Et chez les filles ?

Le Championnat de PRO A est bien homogène, avec des clubs ambitieux qui ont recruté des joueuses étrangères de renom, preuve que notre championnat est attractif, je pense notamment à Grand-Quevilly, Lys Lille, Metz. Toutes les meilleures joueuses françaises jouent en outre cette saison dans le championnat PRO, c’est important, avec notamment le retour à la compétition de Carole Grundisch, qui revient à Metz après son année sabbatique post-olympique, c’est une bonne nouvelle. Là encore, on peut s’attendre à un championnat serré. C’est plus difficile cette saison pour notre championnat de France de PRO B : nous avions prévu une poule de huit équipes, elles ne seront que six parce que les clubs montant de Nationale 1 n’ont pu s’aligner pour des raisons budgétaires.

Justement, qu’en est-il de la santé financière des clubs professionnels ?

Nous avons récemment fait un audit sur les championnats de France de PRO A et de PRO B, on constate, mais ne nous le savions, que les clubs vivent essentiellement des subventions des collectivités territoriales. Nous avons très peu d’équipes qui vivent grâce à des partenariats avec le secteur privé, à part Hennebont, c’est davantage le cas, par exemple, en Allemagne. A l’échelle de la Fédération, nous sommes bien sûr en quête d’un sponsor-titre pour nos championnats, ce qui pourrait nous permettre d’accroître encore leur attractivité et profiter aux clubs.

Quelle est la typologie des clubs de PRO A et PRO B ?

Ce sont essentiellement des clubs issus de villes moyennes ou petites. Nous arrivons quand même à avoir des clubs professionnels dans des villes comme Metz, Rouen, Angers, mais nous sommes plus souvent implantés dans des villes de moindre dimension, ou en banlieue parisienne, avec notamment Pontoise, Issy-les-Moulineaux, Saint-Denis, Levallois… Nous avons encore du mal à intéresser les grandes villes, puisque nous n’avons pas d’équipes sur Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux, cela s’explique assez facilement par le fait que l’offre de sport de haut niveau y est plus importante. Rien qu’à Nantes où je vis, il y a beaucoup de clubs professionnels, entre le football, le handball, le volley et le basket, ce sont des disciplines un peu plus médiatiques qui intéressent davantage les grosses municipalités. Au niveau des assistances, il y a pas mal de disparités : les clubs qui attirent le plus de monde sont les clubs de province, il y a beaucoup de spectateurs à Hennebont, La Romagne, Angers, Metz, Rouen. C’est plus compliqué en région parisienne, où, là encore, la concurrence est plus forte, même s’il y a quand même du monde à Pontoise.

Quels sont vos axes de travail pour rendre les championnats professionnels plus attractifs ?

Nous avons fait venir l’année dernière un cabinet d’audit pour qu’il nous fasse une photographie des championnats et nous donner des pistes d’évolution. Nous sommes en train d’en étudier les résultats et nous mettrons prochainement des réformes en œuvre. L’objectif est bien évidemment de faire en sorte que nos championnats soient davantage suivis, ce qui nécessite peut-être de modifier la formule. L’un des problèmes que nous rencontrons est lié au tennis de table en lui-même : c’est un sport à la fois individuel et par équipes. Les joueurs aujourd’hui sont beaucoup pris sur les tournois du World Tour qui sont de plus en plus nombreux. C’est normal puisque, pour gagner des places au classement mondial, ce qui est leur priorité, ils sont obligés de disputer ces tournois et d’y performer. Par conséquence, ils sont parfois moins disponibles pour les clubs. Nous réfléchissons donc à une formule de championnat un peu plus courte sur la durée et à une phase finale sous la forme de play-offs avec un dernier week-end mettant en scène les meilleures équipes de la saison qui attribuerait les titres. Cela permettrait d’attirer davantage d’attention médiatique sur les champions.

La médiatisation des championnats vous paraît-elle aujourd’hui suffisante ?

Nous avons bien progressé ces dernières saisons avec la diffusion du Championnat de France de PRO A masculine sur Internet. Les clubs ont décidé de le refaire cette saison, c’est important car le nombre d’internautes est en constante progression et c’est très apprécié des amateurs de tennis de table. Au niveau local, certaines télévisions passent également des accords avec les clubs pour diffuser des rencontres sur leur antenne. On se rend compte qu’il y a une vraie demande en région. On le constate également au niveau du traitement de nos championnats via la presse quotidienne régionale, qui est très présente. Nous avons en revanche plus de mal à faire parler de nous au niveau de la presse nationale, qui reprend peu nos résultats, il faut qu’on y travaille encore. De même qu’il faudra aussi sans doute se pencher sur le décorum des salles pour les rendre plus télégéniques et sur les animations autour des rencontres pour attirer plus de monde. Nous travaillons en concertation avec les clubs dans tous ces domaines, et j’ai le sentiment que nous avançons dans le bon sens.

Pour finir, y aura-t-il des changements au niveau des règles cette saison ?

Oui, le bureau fédéral a acté cette semaine que, comme au niveau international, les entraîneurs auront le droit de parler aux joueurs lors des interruptions de jeu, et non plus uniquement lors des temps morts ou entre les sets. Le but est de se conformer à la règlementation à laquelle les joueurs de haut niveau sont habitués sur les grands tournois, notamment en World Tour, cela paraissait logique.


Le guide PRO saison 2017/2018